Les détracteurs du Franc Cfa sont formels, la monnaie africaine utilisée aujourd’hui dans quinze pays du continent africain est une source d’appauvrissement de ces pays, et inversement une source d’enrichissement pour la France. En plein cœur de la polémique sur la devise africaine, la BCEAO, Banque émettrice de la devise, égrène des arguments contre ses détracteurs.
Kako Nubukpo est depuis quelques années engagé dans la lutte contre le Franc Cfa sur le continent africain. Après la sortie du président ivoirien qui a de nouveau réaffirmé son soutien à la monnaie africaine, l’ancien ministre togolais est monté au créneau pour remettre en cause les arguments avancés par Ouattara Alassane au sujet de la devise africaine. Kako Nubukpo est même allé jusqu’à demander au président ivoirien de prendre sa retraite :
«Monsieur Ouattara a l’âge du franc CFA, moi je pense qu’ils devraient tous prendre leur retraite, lui et le franc CFA. Il se trompe d’époque. Vous savez la période où un chef d’Etat dans son palais, tout seul demande à toute une population d’être silencieuse sur des questions quotidiennes, cette époque elle est révolue. Donc, il faut aujourd’hui que les chefs d’Etat comprennent que la jeunesse africaine veut participer à la construction de sa destinée».
Ces propos de l’ancien ministre togolais n’ont pas manqué de faire réagir les cadres de la BCEAO au Togo : « La création de richesse et la monnaie, ça fait deux. L’ambition, on la trouve partout. Mais si on veut dormir et être riche, ce n’est pas possible. Si on veut toujours désigner des faux coupables pour ce qui ne va pas chez nous, ça ne va jamais se construire. Pour soigner son mal, il faut le nommer. C’est trop facile de désigner la France comme la mère de tous nos maux. », a indiqué la conseillère en communication de la BCEAO. Mais Danielle Benoist est allée encore plus loin dans ses explications :
«Kako sait que quand les gens ont faim, tout ce qu’on leur dit, ils avalent. Il sait que quand on leur dit que pendant que vous êtes là, vous avez faim, on nourrit les caisses de l’Etat français, ils croiront. Ça, c’est absolument ignoble de dire parce que c’est créer du ressentiment là où on n’a pas besoin de le mettre. Le discours qu’il véhicule quand on est là et quand on n’est pas là est tellement opposé que je ne comprends pas son obsession sur le franc CFA.»
Le DG des systèmes d’exploitation de la BCEAO tacle Kako
« Monsieur Nubukpo dont vous parlez sait très bien de quoi on parle, c’est un ancien fonctionnaire de la BCEAO. Nous tairons comment il a quitté, ce qui s’est passé, ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est simplement que nous, nous sommes prêts à tout débat technique sur la question. Si on nous amène sur des débats techniques sur la monnaie et comment la faire évoluer, et faire progresser notre zone, nous sommes totalement preneurs. C’est là qu’on l’attend. Sans passion, sans d’autres éléments derrière la tête. De manière professionnelle, qu’il vienne nous dire voilà ce qui pourrait faire progresser le franc CFA et je tiens à ce que la banque centrale débatte avec moi. Si ce faisant, nous ne venons pas, là, on aurait compris.».
Parmi les réactions au Togo sur le Franc Cfa, notons également la sortie du directeur général de Banque ouest africaine rapportée par nos confrères de Financial Afrik :
« Par rapport à la citation de Kako, on va essayer d’apporter une réponse technique. Mais il faut qu’on garde à l’esprit une chose. Sur le franc CFA, ce que nous essayons de faire, c’est de vous expliquer de façon concrète, le mécanisme. Et nous pensons que vous êtes de bonne foi. Sur le sujet, je pense que si quelqu’un est de mauvaise foi, nous, on ne peut rien. Il faut qu’on soit clair dessus. Monsieur Kako, avec tout le respect que j’ai pour lui, nous avons eu personnellement à échanger avec lui chaque fois qu’il dit, excusez-moi l’expression, des contre-vérités sur le franc CFA. Et à chaque fois, Monsieur Kako dit ‘grand-frère, vous avez raison, je ne savais pas. Je vous remercie’. Mais quand il sort, il répète les mêmes choses. C’est comme quelqu’un qui dit 1 + 1 = 3. Vous l’appelez, vous lui dites que non, ça fait 2, et il vous dit ‘ah, merci. Vraiment. Je ne savais pas’ ; mais il sort, il répète encore que 1 + 1 = 3. Vous appelez ça comment ? C’est la mauvaise foi. Mieux, nous avons échangé avec lui. Le gouverneur de la banque centrale, quand il a pris fonction, l’ayant écouté à plusieurs reprises pensait que c’est quelqu’un de bonne foi mais qui peut-être ne connaissait pas le bon fonctionnement du franc CFA. Le gouverneur l’a appelé. Ils ont discuté. A la fin, il a remercié le gouverneur de lui avoir expliqué les choses. Mais ça n’a pas empêché qu’il sorte et répète les mêmes choses ».
En 2017, l’ancien ministre togolais qui combat le Franc Cfa sortait un livre dans lequel il exposait les grandes lignes des raisons et des motivations qui l’ont conduit à engager cette lutte. Silencieuse par le passé, la BCEAO s’implique d’avantage dans la lutte contre le Franc Cfa pour recadrer les détracteurs de la monnaie africaine en circulation depuis 1945.
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