La polémique sur le Franc Cfa alimente toujours l’actualité économique sur le continent africain. Parmi les fervents défenseurs de la monnaie africaine, le président ivoirien Ouattara Alassane, mais aussi son confrère du Sénégal Macky Sall. Alors que s’enfle la polémique sur l’avenir de la zone monétaire, les cadres de la BCEAO au Togo ont apporté leur plein soutien à la devise africaine utilisée par quinze pays.
Lors de sa visite d’Etat à Paris, le président Ouattara Alassane a réitéré sa position sur le Franc Cfa : «Je voulais vous dire une chose, le FCFA est une monnaie solide gérée par la BCEAO et uniquement par les Africains. C’est une monnaie qui est en circulation non seulement dans les 8 Etats membres de l’UEMOA mais dans toute l’Afrique de l’Ouest y compris la Mauritanie, le Ghana, le Nigeria, la Sierra Leone, le Liberia, la Gambie… qui sont des Etats non membres de l’UEMOA. Dans tous ces pays, les populations acceptent et utilisent le franc CFA. Si cette monnaie était autant décriée pourquoi voulez-vous que des pays qui ne sont pas membres du franc CFA que populations iraient chercher des francs CFA ?».
En réponse aux propos du président ivoirien, l’économiste ivoirien Mamadou Koulibaly a souhaité un débat pour mettre un terme à la polémique sur la nécessité de maintenir la Côte d’Ivoire dans la zone monétaire.
Il y’a de cela quelques jours, la direction de la BCEAO au Togo abordait dans le même sens que le président ivoirien en soulignant plusieurs avantages liés à la monnaie :
«Ce que la France nous a proposé nous convient économiquement… Nous ne sommes que huit Etats, alors que les investissements sont extrêmement coûteux. A cela s’ajoute la compétence des ingénieurs fiduciaires qui est très chère, alors qu’il faut du monde pour ce travail. Mais nous pouvons investir pour y arriver », a souligné la responsable de communication de la Banque centrale émettrice des billets de Franc Cfa au niveau de la sous-région ouest africaine.
Le directeur général de la BCEAO au Togo s’est pour sa part attelé à expliquer le mode de fonctionnement des comptes d’opération qui oblige les pays membres à déposer 50% de leur réserve de change dans les comptes du trésor français :
«On ne crée pas d’argent indéfiniment en contrepartie des mêmes réserves. Le dépôt de 50% est un principe. Cela ne voudrait pas dire que l’argent déposé est stocké et est intouchable. Cela fonctionne comme un compte à vue, qui est d’ailleurs rémunéré. À tout moment, nous utilisons l’argent déposé pour faire nos opérations. La contrepartie des réserves est déjà dans nos économies…Le FCFA joue parfaitement ces rôles et financièrement, c’est nous qui gagnons… Les réserves ne sont pas un stock mais constitue un flux».
Contrairement à l’Italie qui accusait la France d’appauvrir l’Afrique à travers le Franc Cfa, la conseillère en communication de la BCEAO au Togo a indiqué pour sa part qu’il ne fallait guère établir de corrélation entre la pauvreté du continent africain et la monnaie héritée de l’époque coloniale :
« Qu’on dise que nous sommes pauvres oui… Mais dire que c’est parce que nous utilisons le CFA, c’est complètement faux. C’est ce savant mélange qui dérange», a martelé Danielle Benoist.
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