Les opérations d’enrôlement pour les nouvelles CNI en Côte d’Ivoire ont été officiellement lancées depuis le mois de février. Face à la menace du nouveau coronavirus, les établissements d’enseignement ont été tous fermés, tout comme les restaurants, bars et maquis. En dépit des risques de contamination au Covid-19, l’ONECI continue toujours d’enrôler les ivoiriens pour la nouvelle carte nationale d’identité.
Avec la menace du Coronavirus en Côte d’Ivoire, certains s’attendaient à une suspension de l’opération d’enrôlement pour les CNI. Mais cette décision n’est pas encore à l’ordre du jour pour le gouvernement ivoirien, alors que le pays enregistre déjà 261 cas de Covid-19, avec malheureusement trois cas de décès. Dans un récent communiqué diffusé sur la toile, l’Office National de l’Etat Civil et de l’Identification, a annoncé que des dispositions étaient prises pour assurer le bon déroulement des opérations en pleine crise sanitaire, une décision qui n’a pas manqué de susciter de nombreuses interrogations. Pour le juriste ivoirien Jean Bonin, le gouvernement ne prend pas encore cette pandémie au sérieux :
«Les tâtonnements du gouvernement dans la gestion du coronavirus m’inquiètent… Je viens de prendre connaissance d’un communiqué du DG de l’ONECI dans lequel il informe la population que l’opération d’identification se poursuivra en dépit du COVID19. Les bras m’en tombent. Cette attitude montre que le gouvernement ne prend vraiment pas cette pandémie au sérieux. Analysons. En vue de freiner la propagation du Coronavirus le gouvernement a demandé aux populations de limiter au maximum leurs déplacements. Dans cette même lancée, il a décidé de décentraliser l’établissement des actes de délivrance des autorisations de sortie d’Abidjan alors que cela se faisait uniquement à l’école de police. L’interdiction actuelle de sortir d’Abidjan est fait pour éviter la propagation du virus vers l’intérieur du pays. Or, les inévitables interactions sociales inhérentes aux voyages pour aller se faire établir des documents administratifs nécessaires à l’identification tels que les extraits d’actes de naissance sont autant de risques et d’occasions de contaminations dans les gares routières, les cars et dans les services administratifs. Quelle est l’impérieuse nécessité qui commande qu’on ne puisse pas suspendre dans la situation actuelle l’opération d’identification en cours alors que par ailleurs on n’a pas hésité à fermer les écoles, lycées et universités ? Qu’est-ce qui urge à ce point alors qu’on ferme bars, hôtels, restaurants, boites de nuit et qu’on interdit les concerts et autres rassemblements de plus de 50 personnes ?», explique le pro-Affi.
Pour Jean Bonin, le gouvernement devrait aller au bout de ses décisions en suspendant l’opération d’enrôlement des CNI actuellement en cours sur l’ensemble du territoire, alors que le pays fait face à l’épidémie du nouveau coronavirus : «Par l’inconséquence de vos décisions vous détruisez de la main gauche ce que vous aviez pourtant construit avec votre main droite. Quand vous prenez une décision vous devez aller jusqu’au bout de sa logique car on ne peut vouloir une chose et son exact contraire. Si la pandémie du coronavirus doit impacter sur le calendrier électoral alors cela s’imposera à nous et nous n’y pourrons rien. À l’impossible nul n’est tenu. L’organisation des prochaines élections ne devra pas se faire au détriment de la santé et de la vie de nos compatriotes.».
Le juriste ivoirien conclut en s’interrogeant sur les réelles motivations du gouvernement qui refuse de suspendre l’opération d’enrôlement pour les nouvelles cartes nationales d’identité, sachant bien que les centres sont susceptibles d’être des lieux de rassemblement, en raison d’une forte affluence des requérants : «Ce refus de suspendre l’opération d’identification est incompréhensible et contreproductif. Maintenant, si durant cette période il y a des enrôlements clandestins ou parallèles au profit d’un clan, ce qui justifierait cet entêtement, alors qu’on nous le fasse savoir afin que nous soyons tous au même niveau d’information», explique le juriste ivoirien.
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