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Tiémoko Assalé : « »L’Éléphant Déchaîné » est un journal sérieux»

En service depuis huit ans, « L’Éléphant Déchaîné » se classe dans la catégorie des journaux dits satiriques en Côte d’Ivoire. Contrairement à certains quotidiens de la place, le journal dirigé par Tiémoko Assalé revendique aujourd’hui zéro appartenance à un quelconque bord politique ivoirien.

« L’Éléphant Déchaîné » est un journal sérieux.
Il ne sera jamais un journal au service d’un parti politique.

La presse papier, au niveau mondial, est en crise. De grands journaux, depuis quelques années, ont disparu.
Un grand journal comme « Le monde », aurait sans doute disparu il y a cinq ans, si l’État Français ne lavait pas renfloué à hauteur de plus de 500 millions d’Euros. Et la subvention directe de l’Etat Français aux journaux français est plus de 500 millions d’euros, plus de 300 milliards de Fcfa, chaque année.
De nombreux propriétaires de journaux, dans les grands pays de démocratie, où il y a une culture de la lecture, ont vite compris que pour tenir, il fallait soit céder l’affaire à des industriels soit opter pour la transition numérique avec l’abandon progressif du papier. Mais ici encore, la situation est difficile car les modèles de réussite, en la matière, sont plutôt rares. La culture du tout gratuit sur internet constituant un obstacle difficile à contourner.

En Côte d’Ivoire, la presse papier, toutes les études les plus récentes le démontrent et les chiffres de vente de l’ANP, disponibles chaque trimestre le démontrent aussi, est en faillite. Cette faillite concerne aussi , le journal gouvernemental, Fraternité Matin.
Cependant, comme chacun le sait, la presse ivoirienne étant essentiellement une presse de combat (les journaux appartiennent pour la plupart, à des partis ou hommes politiques), malgré la faillite, la plupart des journaux continuent à paraître. Er d’autres, quasiment chaque mois et, à l’approche de la présidentielle de 2020, voient le jour. Depuis plus de deux ans, il y a des journaux qui ne vendent même pas, par jour, 500 exemplaires sur 5000, mais ils continuent de paraître.

Les ventes sont si faibles qu’elles ne couvrent aucune charge de fonctionnement mais ils continuent de paraître, parce qu’il faut qu’ils continuent de paraître pour mener le combat politique de ceux qui les financent. Une telle presse de combat, qui a en son sein des militants de partis politiques habillés en journalistes, ne peut que s’installer dans la désinformation au bénéfice de ceux qui la financent.
A côté de cette presse de combat, il y a une presse qui essaie d’être non pas neutre (la neutralité n’existe pas), mais indépendante. « L’Elephant Déchaîné » en fait partie. Car, il s’agit bel et bien d’un journal indépendant qui ne donne aucun écho aux paroles de guerre des hommes politiques Ivoiriens et se concentre essentiellement, en dehors de quelques rares ‘Une politiques », sur la gouvernance publique.

Évidemment, un journal qui ne dit pas que Gbagbo est beau ou vilain, que Ouattara est beau ou vilain, que Bedie est beau ou vilain, ne peut-être aimé dans aucun camp politique ivoirien et par conséquent, son lectorat est petit. « L’Éléphant Déchaîné » connaît aussi les mêmes difficultés que le reste de la presse Ivoiriennne.
Les Ivoirins n’achètent généralement que les journaux qui relaient la guéguerre des politiques et aliment la tension dans le pays. C’est comme ça, depuis le printemps de la presse ivoirienne.
Il suffit de mettre à la « Une » que Ouattara ne vivra pas jusqu’au 30 mars 2020, pour vendre 95% du tirage.
Il suffit d’écrire que Gbagbo n’a aucune chance de revenir encore en Côte d’Ivoire pour vendre 99% du tirage.

Il suffit d’écrire que Bedie et Gbagbo vont chasser Ouattara de la Côte d’Ivoire, pour vendre 100% du tirage.
Tout ce qu’on trouve dans ces journaux de combat, ce sont des écrits d’opinion, uniquement des ecrits d’opinion, toutes dans le même sens, celui du parti ou des politiques qui financent.
Alors, comment un journal comme « L’Éléphant déchaîné « , non financé par des politiques, détesté par beaucoup et dans tous les camps, arrive-t-il à tenir, depuis 8 ans?

Eh bien, ce journal tient encore, tout simplement parce qu’il est crédible. Plus de 90% des papiers qui y sont publiés sont documentés et les faits relatés sont avérés. La crédibilité est donc sa seule force.
C’est l’un des rares journaux en Côte d’Ivoire, à avoir depuis 4 ans, des journalistes européens, dans sa rédaction. Et, c’est le seul journal ivoirien qui a signé une convention avec Sciences Po Rennes et qui reçoit des journalistes stagoaires européens venant de cette école de référence, française.

Il ne s’agit donc pas d’une affaire d’argent, mais juste une affaire de crédibilité. Je préférerais donc fermer ce journal, le jour où, en raison des difficultés financières, je ne pourrais plus le tenir, plutôt que de le mettre au service d’une cause politicienne et faire l’apologie d’un homme ou d’un parti politique.

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