Un mandat d’arrêt a été émis contre Guillaume Soro en Côte d’Ivoire. La justice ivoirienne accuse l’ancien chef du parlement ivoirien de plusieurs délits dont le blanchiment d’argent portant sur la somme de 1,5 milliard de francs Cfa. Réactif aux sujets les plus brulants de l’actualité ivoirienne, le journaliste Saïd Penda a réagi à ce revirement politique en Côte d’Ivoire, un revirement qui redistribue les cartes pour la présidentielle de 2020.
Guillaume Soro a échappé hier lundi à une arrestation. Selon mes informations obtenues de sources sécuritaires fiables, c’est lundi 23 Décembre au matin que Soro a été informé par un conseiller du président guinéen Alpha Condé de ce qu’il serait arrêté dès son atterrissage à Abidjan. Contrairement à ce que lui et ses proches ont fait croire en affirmant que son avion a été empêché d’atterrir à Abidjan, l’avion affrété par M. Soro avait reçu l’autorisation d’atterrissage à Abidjan depuis plusieurs jours, document administratif qui n’a jamais fait l’objet d’annulation. Alors même qu’il avait déjà décidé qu’il ne se rendrait plus à Abidjan de peur d’être interpellé, Guillaume Soro a donc continué à faire croire qu’il se rendait dans son pays. Dans un scénario digne d’un polar, Soro qui avait obtenu une autorisation d’atterrissage de son avion à Accra au Ghana, pousse la manipulation jusqu’à faire croire, au moment du décollage de son avion, qu’il se rendait à Abidjan, alors que depuis son départ, l’avion qui le transportait avait déclaré à la tour de contrôle de l’aéroport parisien du Bourget décoller pour Accra, avec une autorisation d’atterrissage dans ce pays en bonne et due forme.
La justice ivoirienne, qui affirme détenir des enregistrements sonores compromettants, poursuit Soro pour tentative de déstabilisation et détournement de deniers publics. Précisons que si une tentative de coup d’État est aussi classée dans la catégorie des « tentatives de déstabilisation », cette qualification, dans le cas de Guillaume Soro ne désigne pas forcément un coup d’État en préparation. Je n’en dirait pas plus pour l’instant, dans le soucis de ne pas gêner l’enquête en cours.
Au-delà de la mise en scène d’un faux retour en Côte d’Ivoire, il appartient désormais à la justice de fournir les preuves de ces graves accusations et à Soro de se défendre. Pour le reste, j’ai toujours soutenu qu’en démocratie aucune qualité n’accorde quelque immunité, ni celle d’opposant, pas plus que celle de « candidat déclaré » à une présidentielle. Laissons donc la justice faire son travail en toute sérénité, en souhaitant simplement qu’elle fasse preuve de la plus grande diligence dans cette affaire. En effet, si Soro devrait être innocenté à l’issue de son éventuel procès, il faudrait qu’il ait suffisamment de temps pour sa campagne à la présidentielle d’Octobre prochain. Mais s’il est reconnu coupable, il devrait assumer et subir la loi dans toute sa rigueur, lui qui, alors président de l’Assemblée Nationale est un des architectes des lois avec lesquelles il pourrait devoir passer de très longues années en prison. En espérant que la justice burkinabé, à ses trousses pour le rôle prouvé qu’il a joué dans le coup d’État qui a tenté de remettre en cause le processus démocratique dans ce pays, ne lui mette la main dessus avant la justice ivoirienne.
Soyez le premier a laisser un commentaire