La tenue du grand débat national voulu par Macron n’a pas encore convaincu les gilets jaunes de renoncer aux manifestations sociales. Pour une plus grande transparence dans cette concertation nationale, le mouvement social pose trois principales conditions au président de la République française.
Pour la réussite du grand débat national, les gilets jaunes ont formulé trois principales requêtes au président Macron. Dans une lettre ouverte signée par plusieurs figures emblématiques du mouvement de contestation sociale, les gilets jaunes ont indiqué qu’il manquait trois conditions essentielles pour la réussite du grand débat national.
« En premier lieu, il nous semble indispensable que ce débat soit mené de manière indépendante et avec une transparence exemplaire. Ainsi, afin d’analyser les conditions de sa mise en œuvre et en lien avec des médias, nous participerons dans les prochains jours à la mise en place d’un Observatoire qui étudiera les dispositifs et méthodes utilisés dans les débats, qu’ils soient organisés dans ou en dehors du cadre du Grand Débat. Ces éléments nous permettront de mettre en avant les réussites mais aussi d’alerter sur les dysfonctionnements ».
Dans leur seconde requête, les gilets jaunes insistent sur la tenue d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC) : « En deuxième lieu, il nous semble indispensable qu’un engagement politique clair et fort soit pris sur le débouché concret des propositions émergeront, avant même de qui savoir ce que seront ces propositions. Ainsi, pour garantir la crédibilité et l’intérêt de la démarche, nous recommandons la mise en place d’une Assemblée citoyenne tirée au sort, représentative de la société, chargée de faire des propositions donnant lieu à un référendum à choix multiples. Les débats de cette assemblée seraient filmés et retransmis en continu. Si un référendum seul peut faire peur à certains, articulé à une large délibération il permet de construire collectivement des solutions ayant une réelle cohérence d’ensemble. Les assemblées régionales prévues actuellement ne semblent pas pouvoir jouer ce rôle car, en l’état, elles n’auront pas la composition, le temps et les possibilités de délibération nécessaires. Compte tenu des circonstances et de l’enjeu, il est nécessaire d’être ambitieux en créant une assemblée réunissant quelques centaines de personnes, bénéficiant d’un temps suffisant et suivant une méthodologie rigoureuse ayant fait ses preuves.
Elle traitera du RIC bien sûr puisqu’il a émergé comme une priorité ces dernières semaines, mais au-delà, elle reverra plus largement nos pratiques démocratiques afin qu’elles soient plus à même d’impliquer les citoyens de façon régulière et pas seulement lors des échéances électorales. Plus, cette assemblée hiérarchisera les propositions émanant des débats De pour définir les priorités qui pourraient faire l’objet du référendum à choix multiples. Ce n’est que par une démarche politique et démocratique ambitieuse que la confiance pourra revenir. Nous sommes prêts à soutenir et/ou réaliser par nous-même la mise en œuvre d’un tel dispositif, qui a déjà fait ses preuves ailleurs, dans des contextes très divers (notamment en Irlande, en Islande, ou encore au Canada). Les moyens, les outils, les recherches et retours d’expérience nécessaires à l’organisation d’une telle dynamique existent ».
Pour la réussite de ce grand débat national, « il nous semble indispensable que le Grand Débat ne soit pas un moment isolé après lequel on reviendrait aux pratiques politiques traditionnelles. Ainsi, nous lançons également une boîte à outils délibératives en ligne, (plateformes méthodes d’animation, décryptages, etc.) destinée à tous les citoyens qui souhaitent s’inscrire dans un engagement de court ou long terme, dans le cadre du Grand Débat National ou en dehors. En effet, il nous semble essentiel de tirer parti des « énergies citoyennes » qui se sont exprimées, notamment de la part de personnes qui s’étaient éloignées de tout engagement. C’est une chance formidable pour réussir les transitions économiques, sociales et environnementales. Nous devons pouvoir tirer parti des débats locaux pour engager concrètement un travail de terrain afin de trouver des solutions aux problèmes qui ont été à l’origine de la crise.
Né en novembre dernier, le mouvement gilets jaunes manifestait pour l’abandon de la taxe sur le carburant. Mais le recul du gouvernement sur cette mesure n’a pas pour autant affaibli le mouvement de contestation sociale, encore moins la hausse du SMIC d’environ 100 euros par mois décidée par Emmanuel Macron. Le grand débat annoncé le 15 janvier dernier est sans doute l’une des dernières tentatives de conciliation entre le gouvernement et les gilets jaunes en France qui sont d’ailleurs soutenus par l’extrême droite italienne.
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